Super Qamis 3

À l’aube d’une nouvelle journée dans la grande ville, ce n’est pas le chant des oiseaux qui réveille Mohammed, mais une odeur de brûlé qui envahit sa chambre, le sortant brusquement de ses rêves. Sans une seconde d’hésitation, il bondit de son lit, poussé par l’urgence de découvrir l’origine de cette alarme culinaire.

En entrant dans la cuisine, il est accueilli par un spectacle à la fois comique et légèrement chaotique. Oumi se tient là, une spatule à la main, devant une poêle où une crêpe subit un sort peu enviable. « Ça sent le brûlé, oumi ! Besoin d’aide ? » demande Mohammed, un sourire naissant face à l’expression confuse de sa mère.

« Mon fils, si j’avais mes lunettes, je ne serais pas en train de faire du charbon ! » s’exclame-t-elle, un brin d’humour dans la voix malgré la situation.

Mohammed, se transformant en détective matinal, se lance dans une quête pour retrouver les lunettes égarées d’oumi, cherchant avec  sérieux sous les coussins, derrière les livres, et même, dans un élan d’originalité, dans le réfrigérateur. Sa mission le mène finalement à découvrir les lunettes cachées dans un  livre de recettes, un sourire triomphant illuminant son visage. « Mission accomplie ! » annonce-t-il, rendant à oumi sa vue et, par extension, sa maîtrise de la cuisine.

Avec les lunettes retrouvées, oumi peut finalement sauver le reste du petit déjeuner, mais Mohammed, conscient de l’heure, décide de remettre à plus tard sa dégustation des crêpes miraculeusement sauvées. Il se dirige vers sa chambre pour accomplir sa prière matinale, un moment de recueillement, essentiel pour bien commencer sa journée.

« Je les mangerai au goûter incha Allah, » se dit-il, anticipant avec plaisir ce moment de réconfort après une journée sûrement bien remplie.

Après ce début de journée mouvementé, Mohammed se retrouve pressé par le temps, courant pour ne pas arriver en retard à l’école. C’est cette précipitation qui le force à prendre une décision difficile lorsqu’il aperçoit au loin Zayed en pleine altercation avec deux garçons. « Je m’occuperai de ça plus tard, » se rassure-t-il, la culpabilité tiraillant son cœur.

La journée scolaire s’écoule, mais l’image de Zayed ne quitte pas l’esprit de Mohammed. Sur le chemin du retour, il est déterminé à ne pas ignorer son ami en détresse. Cette fois-ci, il trouve Zayed à terre, fouillant désespérément autour de lui à la recherche de ses lunettes.

« Pauvre Zayed, qu’est-ce qu’ils t’ont fait ? » Mohammed s’agenouille à ses côtés, prêt à offrir son aide.

Entre deux soupirs, Zayed confie que les garçons ont du lui prndre ses lunettes, rendant chaque jour plus pénible que le précédent. « Ils ont l’habitude de piquer mes affaires, » ajoute-t-il, la voix chargée de résignation. « Et quand rien ne les intéresse, ils s’en prennent à moi… C’est comme s’ils trouvaient du plaisir à me voir en difficulté. » Mohammed, touché par cette révélation, se sent envahi par une détermination farouche.

« Ne t’inquiète pas, Zayed. Nous allons reprendre ce qui t’appartient, » déclare-t-il, un plan se formant déjà dans son esprit. La conviction dans sa voix est inébranlable, un phare d’espoir dans le brouillard d’incertitude qui entoure Zayed.

Rentré chez lui, Mohammed ne perd pas de temps et se plonge dans ses livres, cherchant inspiration et sagesse pour affronter les deux garçons. Revêtant son qamis blanc, il sort dans les rues, prêt à faire face au défi.

Sa confrontation avec les garçons ne prend pas la tournure attendue. Au lieu de l’hostilité, c’est la curiosité qui l’accueille. « Pourquoi portes-tu cela ? » demandent-ils, pointant du doigt son qamis.

C’est l’ouverture que Mohammed attendait. « Ce vêtement, comme nos actions, a une signification. Vous savez, il y a plus de bravoure à être gentil qu’à être cruel, » explique-t-il, saisissant l’occasion pour leur parler du hadith qu’il a médité plus tôt. « Vous voyez, il y a un hadith que j’ai appris et qui dit :  » Le prophète (que la prière et le salut de Dieu soient sur lui ) a dit :  » Si le croyant vient à commettre un péché, une tâche noire vient se placer sur son coeur. Si il se repent, cesse de désobéir et implore le pardon d’Allah, la tâche disparait de son coeur. Et si il persiste dans son péché, elle augmente de volume jusqu’à ce qu’elle couvre totalement son coeur « . ( rapporté par At-tirmidi ) « C’est le moment de choisir la clarté plutôt que les ténèbres dans vos cœurs. »

Les garçons, d’abord surpris par la profondeur de ses mots, se regardent, visiblement touchés. L’un d’eux, les yeux baissés, marmonne, « On… on ne voulait pas vraiment faire de mal. On s’est juste laissé emporter. »

Mohammed, sentant la glace se briser, propose doucement, « Rendre les lunettes de Zayed serait un bon début pour nettoyer cette tache, ne pensez-vous pas ? » Après un moment de silence, l’un des garçons sort timidement les lunettes de Zayed de sa poche et les tend à Mohammed.

Avec les lunettes de Zayed en main, Mohammed se hâte de retrouver son ami. Zayed, encore secoué par les événements de la journée, ne peut cacher sa surprise lorsque Mohammed lui rend ses lunettes. « Ils ont… ils ont vraiment rendu ça ? » demande-t-il, étonné.

Mohammed, un sourire rassurant aux lèvres, hoche la tête et sort de son sac quelques barres chocolatées et une console de jeux. « Pas seulement tes lunettes, mais voici ton petit déjeuner de champion et ta console. On dirait bien que leur conscience s’est réveillée… et je crois qu’ils ont compris leur erreur. Peut-être que demain sera un peu plus lumineux pour nous tous, » répond Mohammed, un sourire rassurant aux lèvres.

C’est alors que Rayane, ayant assisté à la scène de loin, se joint à eux, son expression mêlant incrédulité et admiration. « Wow, Mohammed, depuis quand es-tu devenu un super héros  ? » taquine-t-il, apportant une légèreté bienvenue après la tension.

Les trois amis, unis par les récents événements, décident de célébrer cette petite victoire en se dirigeant chez Mohammed pour partager le goûter tant attendu. Les crêpes du matin, que Mohammed n’avait pas eu le temps de savourer, deviennent le centre d’une table accueillante, aux côtés des barres chocolatées que Zayed n’avait pas pu déguster non plus.

« Vous savez, c’est drôle, » dit Mohammed, « ce matin, j’étais en mission pour retrouver les lunettes d’oumi et je finis la journée en rendant celles de Zayed. Peut-être qu’il y a une leçon là-dedans sur la vue… pas seulement voir avec les yeux, mais voir avec le cœur. »

Les amis acquiescent, réalisant que les événements de la journée leur ont offert bien plus qu’une simple leçon sur le courage ou la gentillesse; ils leur ont appris l’importance de la compassion et de l’empathie, des qualités qu’ils s’engagent à porter dans leur cœur désormais plus clairvoyant.

 Mohammed, Zayed, et Rayane continuent de discuter et de planifier leurs prochaines aventures. Ensemble, ils ont découvert que même dans une grande ville pleine de défis, les liens d’amitié et les actes de bonté sont de véritables lumières.